PROVINS, cité marchande

Provins, cité marchande dont l’opulence est convoitée, cité des trouvères, protégée par des remparts, brille de mille feux tout au long des XIIe et XIIIe siècles, époque des célèbres Foires de Champagne.

Elle frappe sa propre monnaie : le denier provinois (reconnu pour sa valeur dans toute l’Europe médiévale).

La cité est alors à son apogée sous le règne de Thibaud IV de Champagne (1201-1253), vassal des rois de France, Philippe Auguste (1165-1223) et Saint-Louis (1214-1270). 

 

PROVINS, TÉMOIN EXCEPTIONNEL DES FOIRES DE CHAMPAGNE.

Les comtes de Champagne qui gouvernent la région comprennent dès l’An 1000 l’importance économique du commerce à longue distance, et savent tirer parti de la situation géographique des villes de Champagne.

Sur la route vers l’Est de l’Europe, elles sont en effet le passage obligé entre les ports de la mer du Nord et ceux de la Méditerranée, entre les plaques tournantes du commerce que constituent la Flandre et l’Italie, tournées l’une vers l’Europe du Nord et de l’Est, l’autre vers Byzance, l’Afrique et l’Orient.

Provins est alors un carrefour de routes, où convergent 9 chemins principaux et 11 secondaires. Ce site permet à la foire, deux fois par an, de devenir un des hauts lieux du commerce en Europe, particulièrement aux XIIe et XIIIe siècles.

Les foires sont des lieux de commerce de gros. On ne vend pas au détail, cela est réservé aux marchés. On achète par ballots, ou tonneaux.On y échange des produits de toutes natures venus de tous les pays européens : laines, draps, vins, fourrures, teintures, orfèvrerie… 

Le succès des Foires de Champagne est dû en partie à la protection que les comtes accordent aux marchands. Ils le font d’autant plus de bonne grâce que les foires les enrichissent. Ainsi les comtes ont organisé sur leur territoire les “conduits des foires”.

Ils font escorter à leurs frais tout convoi de marchands désireux de se rendre à la foire. 
Dans les chemins difficiles et peu sûrs du Moyen Âge, où l’on met six semaines pour arriver de Navarre, cela constitue un sérieux avantage.

Sur place, les comtes organisent la sécurité grâce aux gardes de foire et à leurs lieutenants. Ils jugent en procès, exigent le paiement des droits de vente, président aux contrats, règlent les litiges. Ils peuvent poursuivre un contrevenant dans toute l’Europe.

Les privilèges accordés par le comte aux marchands établissent vite la réputation de la foire, mue par une bonne coutume commerciale.

Les artisans de Provins sont dopés par ces échanges et l’industrie du drap prend un essor important, jusqu’à devenir une spécialité connue dans toute l’Europe.

 

La foire est aussi l’occasion de fêtes avec des spectacles de musique et de jonglerie. Il faut imaginer une extraordinaire cohue d’hommes venant de tous pays qui échangent non seulement des marchandises mais aussi des idées.Ces foyers de rencontre sont essentiels pour l’évolution des sociétés. Chaque pays y va de son influence et la Champagne joue un rôle prépondérant dans le domaine de la littérature, de l’art et du goût.

Toute la richesse de l’Occident naîtra de cette période faste, qui s’accompagne d’une demande culturelle de plus en plus raffinée. De même, l’église importe d’Afrique de l’ivoire et des bois précieux, et d’Orient des pierres qui décorent les objets religieux.

Cette période du commerce florissant s’achève progressivement au cours du XIVe siècle, lorsque les routes du commerce européen évoluent avec le passage des Alpes par les cols, et l’utilisation accrue du détroit de Gibraltar.

Les guerres de religion, les épidémies et l’abolition des privilèges aux marchands portent le coup de grâce aux Foires de Champagne, celle de Provins, mais aussi celle de Troyes, de Lagny et de Bar-sur-Aube.