TROYES, ville de bois et de pierre

Parmi toutes les villes de France et de Navarre qui ont conservé un bâti en bois de qualité, Troyes est peut-être celle qui possède le patrimoine le plus étoffé, le plus dense, le plus homogène, le mieux conservé ou le mieux restauré. Après avoir failli disparaître, cette incroyable collection de maisons à pans de bois héritée du Moyen-âge et de la Renaissance fait aujourd’hui la fierté de la cité champenoise. Son style pittoresque et ses couleurs bigarrées racontent aussi la métamorphose d’une ville dont certains chapitres restent encore à écrire.

Qui arpente les rues de Troyes est frappé par l’extraordinaire profusion de maisons à pans de bois. La ville possède sans conteste l’une des plus belles et des plus riches collections de maisons de ce type, dites aussi «à colombage». Ce sont ces zébrures caractéristiques - verticales, horizontales ou obliques - qui révèlent au grand jour le squelette du bâtiment. On parle du reste d’ossature en bois.

Et pourtant, cet inestimable patrimoine revient de loin. Il tire même son origine d’un événement catastrophique pour la ville ! La quasi-totalité des maisons en bois que l’on peut admirer aujourd’hui ont en effet été construites après le grand incendie de mai 1524. Ce gigantesque brasier ravagea un quart de la cité, réduisant en cendres quelque 1500 habitations et jetant à la rue 7500 personnes environ ! 

Que fait-on à Troyes ? On y sonne !

La voix familière de la cathédrale de Troyes retentit toutes les 60 minutes, de 8 à 22 heures, donnant raison à ce dicton populaire qui a traversé les siècles : Que fait-on à Troyes ? On y sonne !

On ne compte pas une, pas quatre, mais dix églises catholiques à Troyes, soit une pour 5600 habitants. Rapporté à la population, c’est un peu comme si l’on en dénombrait plus de 400 à Paris ! (Il y en a en réalité le tiers.) Et encore, ne sont pas inclus le temple protestant, la synagogue, la mosquée, diverses chapelles et autres lieux de culte. Ni même les églises qui ont disparu ou ont été désaffectées, comme l’étonnante église Saint-Frobert, transformée en logements après la Révolution et qui constitue encore aujourd’hui l’une des curiosités de la ville (rue Saint-Frobert).

L'art du vitrail ou la "Mémoire du Verre"

C'est l'un des héritages les plus admirables que les artistes du Moyen Age ont légué à la Cité des Comtes de Champagne. Le Vitrail trouve son épanouissement au XIIIe s. Les Peintres-Verriers s'associent étroitement au Compagnonnage des Bâtisseurs de Cathédrales. A Troyes, les artistes les plus réputés fondent une véritable Ecole (XVIe s.). Le dernier grand artiste connu est Linard Gontier (début XVIIe s.) avant la renaissance des grandes dynasties du XIXe s. La "Mémoire du verre" s'est pérennisée dans Troyes. Tout en bénéficiant d'améliorations techniques considérables : plombs de meilleure qualité, matériel de soudure plus évolué, palette de teintes passée d'une dizaine de coloris à près de 3000, la méthode est restée la même.

Troyes est un véritable laboratoire expérimental "in situ" pour la protection et la restauration des vitraux anciens : à ce titre, certains vitraux de la Cathédrale sont pourvus de systèmes de protection analysés par ordinateur. Le département de l'Aube est le plus riche de France avec 9 000 mètres carrés de verrières, du XIIIe au XIXe s., et Troyes est baptisée par les spécialistes "Ville Sainte du Vitrail".

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